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La gestion des symptômes en fin de vie
face aux contraintes temporelles

  Photo Danhier Laurence 

Par le Dr Laurence Danhier,
Gériatre et médecin responsable des soins palliatifs d'HELORA Jolimont-Nivelles

De mon parcours, je retiendrais essentiellement que je suis diplômée de l'UCL le 24 juin 2000 et qu'après moultes réflexions, je me suis tournée vers la médecine générale libérale durant 13 ans, après avoir commencé mon assistanat en Gériatrie à Lobbes, période durant laquelle j'ai pu aborder toute la complexité des soins palliatifs à domicile.

13 ans plus tard, j'ai finalement repris une formation de gériatrie pour me consacrer à la médecine hospitalière jusqu'à ce jour. Très vite, la médecine palliative, très présente en gériatrie, est devenue chère à mon coeur et j'ai donc cumulé les deux activités (gériatrie en salle et équipe mobile hospitalière de soins palliatifs) durant ma deuxième partie de carrière. Alors que j'avais suivi le certificat en soins palliatifs en début de carrière, j'ai souhaité réactualiser mes connaissances en 2018 suivant le diplôme universitaire en soins palliatifs de l'UCL Woluwé-Lille. C'était aussi l'occasion pour moi de tisser un réseau très riche d'intervenants de tous horizons passionnés comme moi par les soins palliatifs.

Actuellement, je viens d'accepter le poste de médecin responsable des soins palliatifs d'Helora Jolimont-Nivelles (unité et équipe mobile de soins palliatifs) qui m'occupe désormais à temps plein et qui me permet d'appréhender les soins palliatifs tant en première ligne en unité qu'en deuxième ligne en équipe mobile.

 

Présentation :

"La gestion des symptômes en fin de vie face aux contraintes temporelles"

Si la gestion des symptômes de fin de vie est bien une priorité en soins palliatifs pour soulager au plus vite et au mieux, il n’en reste pas moins qu’elle doit s’intégrer dans la gestion temporelle d’une organisation de soins, qu’elle relève du cadre hospitalier, de celui d’une MRS ou du domicile.

Les contraintes temporelles en milieu hospitalier, surtout dans des services « aigus » comme la médecine interne, l’oncologie, la gériatrie…sont probablement les plus systématisées par l’ampleur des rouages à coordonner.

C’est ainsi que chaque patient se voit réveillé à 5h du matin par la veilleuse de nuit qui prend sa tension artérielle, pour « avancer» le travail de ses collègues de jour…A 7h, on lui propose une toilette parfois très « rythmée » pour accueillir les différents prestataires de soins. Le plateau du repas lui est déposé à un horaire quasi militaire même si le patient n’a plus aucun appétit, voire même est dans un état comateux…les familles ont quant à elles un créneau horaire souvent limité pour profiter du patient et peut-être de leurs derniers moments communs.

Le « planning » d’un patient hospitalisé peut donner le tournis…Mais qu’en est-il du patient en fin de vie ? Echappe-t-il pour autant à toutes ces contraintes de tâches et au temps qu’elles nécessitent ? La machine hospitalière peut-elle être mise sur « pause » pour une minorité de patients palliatifs dans un service aigu où la majorité des soins ont une visée curative ?

Comment arriver à concilier les réalités des patients, des proches et des soignants dans un espace-temps bien défini, sachant que pour chacun, le rapport au temps est bien différent ?

Là où le soignant doit réagir en un laps de temps très court pour soulager une dyspnée aigue ou des vomissements incoercibles, la famille attend de son côté le temps des informations pour être rassurée sur l’action menée et le patient quant à lui n’a parfois même pas le temps d’anticiper sa symptomatologie difficile…

Ouvrons une réflexion réaliste mais néanmoins motivante sur la manière d’aborder cette problématique afin que le « temps » ne soit pas seulement une contrainte dans la gestion des symptômes de nos patients en fin de vie mais le substrat fertile d’un accompagnement de qualité qui concilie les réalités et les attentes de chacun.