L'anticipation, une évolution sociologique du rapport à la mort
	Par Michel Castra, Maître de conférences à l'Institut de sociologie et d'anthropologie de l'Université de Lille et Directeur du CeRIES.

Présentation :

L’observation des évolutions récentes dans les domaines de la fin et de l’après-mort permet de relever des tendances convergentes en matière d’individualisation du mourir. Désormais, il ne s’agit plus seulement de faire face aux différentes situations qui surviennent (confrontation à la maladie grave, aux traitements, à la perte d’autonomie ou à la perspective de sa fin prochaine) mais de se préparer, d’anticiper, de décider et d’organiser ces évènements.

Chacun est davantage incité à faire des choix ayant trait aux derniers temps de son existence. Ce qui auparavant était organisé par la communauté ou pris en charge par les professionnels devient de plus en plus l’objet de choix et d’élaborations personnelles. L’individu est confronté au défi de prévoir ou d’anticiper sa propre fin en choisissant certaines modalités de prise en charge de sa fin de vie ou de sa mort, avec l’aide des professionnels de santé.
On voit ainsi se dessiner une injonction à l’autonomie voire un « devoir » d’anticipation pour tout ce qui touche à la mort. Cette présentation permettra de s’interroger sur les évolutions de la médecine et de nos sociétés contemporaines où l’individu est de plus en plus invité à produire ses propres normes en matière de fin de vie.